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« Là-bas, sur nos propres terres russes, c’est la guerre… » Entre sidération et inquiétude, sur un quai de gare à Moscou, un grand-père esseulé attend sa famille. Il est près de 23 heures, ce lundi 12 août, lorsque le train, bondé, arrive de Koursk, à quelque 500 kilomètres seulement au sud-ouest de la capitale. Près d’une semaine après le début de l’offensive surprise de l’armée ukrainienne dans cette région frontalière, les autorités russes ont annoncé l’évacuation de 121 000 personnes de la zone de combat, un record depuis la deuxième guerre de Tchétchénie (1999-2009). A la gare de Moscou, les retrouvailles familiales se font sans effusion. Sur le quai, personne ne souhaite commenter la situation d’autant plus confuse que les messages rassurants relayés par les télévisions du Kremlin contredisent les rapports alarmants sur les réseaux sociaux.
« L’ennemi recevra une réponse appropriée. Tous les objectifs auxquels nous sommes confrontés seront sans aucun doute atteints », a promis Vladimir Poutine, lundi dans la soirée, lors d’une réunion partiellement retransmise à la télévision avec ses chefs militaires. Autour du chef du Kremlin, qui a ordonné à son armée d’« expulser » les troupes « ennemies » de Koursk et a accusé l’Occident de « nous combattre avec les mains des Ukrainiens », les visages sont tendus. Les faits sont là, difficiles à cacher au public, largement repris sur les réseaux sociaux : 28 localités sont passées sous contrôle des forces ukrainiennes, qui ont avancé sur 12 kilomètres en profondeur et sur une largeur de plus de 40 kilomètres, a informé froidement le gouverneur par intérim de la région de Koursk, Alexeï Smirnov. Soit la plus grande offensive d’une armée étrangère sur le sol russe depuis… la seconde guerre mondiale.
Au moins douze civils ont été tués et 121 blessés, dont dix enfants, a poursuivi le gouverneur. « Nous ne connaissons pas le sort d’environ 2 000 personnes se trouvant dans ces zones. A ce jour, 121 000 personnes sont déjà parties ou ont été évacuées. » Viatcheslav Gladkov, son homologue de la région voisine de Belgorod, cible régulière depuis des mois des Ukrainiens avant leur attaque surprise sur la région de Koursk, a, lui aussi, annoncé, lundi, des évacuations préventives de populations en raison de « l’activité de l’ennemi à la frontière ».
Au total, ces dernières heures, près de 195 000 personnes devaient ainsi être évacuées. La dernière fois que des populations russes ont fui en masse des combats à l’intérieur du pays, c’était pendant la deuxième guerre de Tchétchénie. A l’époque, il n’y avait pas eu d’évacuation coordonnée, les réfugiés fuyant les combats par leurs propres moyens. Aujourd’hui, dans la région de Koursk, les autorités assurent organiser les évacuations. Mais des premiers témoignages recueillis par la presse russe révèlent que, faute d’information centralisée et de coordination suffisante sur le terrain, nombre de familles doivent en réalité se débrouiller seules. Parallèlement, à Moscou mais aussi en région, des initiatives bénévoles se mettent en place pour la collecte d’aides à envoyer à Koursk, la ville principale de l’oblast qui n’a pas été prise par les Ukrainiens.
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